Dans le règne végétal, les mousses se singularisent notamment par une extraordinaire propriété : la reviviscence. En période sèche, la plante se déshydrate, se recroqueville et entre en vie ralentie… Après une pluie, elle se réimbibe en quelques minutes, reprend sa forme initiale et ses activités métaboliques. Cette propriété permet aux mousses de coloniser des milieux inhospitaliers pour d’autres plantes, comme le sommet d’un rocher, le dessus d’un vieux mur ou un tronc vertical.
Cette propriété facilite aussi l’étude de ces petites plantes en toutes saisons. Ainsi un échantillon tout sec, récolté plusieurs mois, voire années, auparavant peut aisément être réhumidifié avec quelques gouttes d’eau et étudié.
Nous avons profité de cette particularité pour effectuer cet hiver une séance d’initiation à l’identification de sphaignes récoltées en Vanoise l’été dernier.
Les sphaignes sont un groupe de mousses inféodées aux marais et tourbières. C’est d’ailleurs l’accumulation des sphaignes sur de très longues périodes qui est à l’origine de la formation de la tourbe.
20 espèces de sphaignes sont connues dans le massif de la Vanoise sur les 35 inventoriées en France métropolitaine. La dernière étude mondiale sur ces mousses « The Sphagnum Species of the World », publiée en 2019, recense 292 espèces sur notre planète, ce qui reste relativement modeste en comparaison des 20 000 espèces de mousses actuellement décrites.
L’identification d’une sphaigne nécessite des observations détaillées des feuilles et des tiges sous le microscope. Ce 14 janvier 2020, une demi-douzaine d’agents du Parc national s’est exercée aux techniques d’études de ces mousses : réalisation de coupes transversales de feuilles et de tiges, observations différenciées de feuilles sur la face dorsale et ventrale, et analyse des différents caractères discriminants.
Finalement une journée studieuse, qui a permis de découvrir l’intimité microscopique de ces plantes qui jouent un rôle majeur dans le stockage du carbone sur Terre. Alors qu’elles ne recouvrent plus que 3 % des terres émergées, les zones humides piègent un tiers du carbone contenu dans l’ensemble des sols de la planète.