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Les glaciers de Vanoise, des géopatrimoines en péril

Milieu naturel
Avec 93 km2 de surface glaciaire, auxquels s'ajoutent 18 km2 de glaciers rocheux, le massif de la Vanoise est le second massif français pour le nombre de glaciers (après celui des Écrins) et le second massif pour la surface englacée (après celui du Mont Blanc).

 

Le réchauffement des températures moyennes dans les Alpes du Nord depuis 1900 est de + 2°C, soit le double de la moyenne enregistrée pour l’ensemble du territoire métropolitain. Les glaciers sont des marqueurs locaux des impacts du changement climatique global. Leur sensibilité et leur réactivité aux fluctuations de températures et de précipitations en font des indicateurs privilégiés des changements globaux passés et en cours. En 2014, Marie Gardent, doctorante du laboratoire EDYTEM (Environnements et DYnamiques des TErritoires de Montagnes) a réalisé un inventaire des glaciers dans les Alpes françaises depuis le Petit Âge de Glace. Cet inventaire montre que depuis la fin de ce PAG (aux alentours de 1850) jusqu'à la première décennie des années 2000, les glaciers du massif de la Vanoise ont perdu 61 % de leur superficie

Les glaciers ne sont pas les seuls touchés, c’est l’ensemble de la cryosphère qui réagit ! Ce terme désigne la part de l’environnement qui évolue sous l’emprise de l’eau solide (neige et glace) – donc les glaciers, emblématiques des paysages de haute montagne – ainsi que le domaine périglaciaire qui comprend le pergélisol (sol gelé en permanence) et les glaciers rocheux, aux formes spectaculaires et mouvantes.

Cette fonte de la cryosphère est à l’origine d’aléas naturels, sources de nouveaux risques, comme en témoignent plusieurs événements survenus en août 2015.

  • Le 28 août 2015, le gardien du refuge de Prariond a vu dévaler dans le ruisseau du Niolet une coulée boueuse charriant pierres et blocs, résultat de la débâcle du lac périglaciaire du glacier de la Galise. Ce lac de formation récente était devenu de plus en plus volumineux à cause de la fonte accélérée du glacier ces dernières années. Son verrou de glace, qui surplombait une cavité subglaciaire, s'est soudain effondré, libérant 7.000 m3 d'eau, emportant près de 20.000 m3 de matériaux, heureusement sans autre dégât que l’arrêt de la pico-centrale du refuge de Prariond. 
  • Quelques jours plus tôt, le 14 août, suite à un violent orage, la rupture d’une portion du glacier rocheux du Lou a été plus dévastatrice sur les équipements de la station de Lanslevillard Val Cenis.

 

Au-delà de ces nouvelles menaces, les paysages glaciaires sont avant tout de formidables terrains de découverte et d’apprentissage qui attirent chaque année de nombreux randonneurs et alpinistes au cœur du Parc national de la Vanoise.
Le glacier de Gébroulaz, qui s’étend sur 4,4 km, est le plus long du massif. Suivi scientifiquement depuis 1907, il  est inscrit à l’inventaire mondial du suivi des glaciers (WGMS) et donc reconnu internationalement. Certaines communes du Parc national, conscientes de l’intérêt patrimonial de leurs paysages ont choisi de les classer  au titre de la loi de 1930 protégeant les monuments naturels tels que le vallon de Champagny-le-haut, le cirque des Évettes ou le vallon du Clou. Enfin, plusieurs sites sont inscrits à l’Inventaire national des patrimoines naturels, comme le glacier de Pramort ou bien le cirque glaciaire de la Glière. Ces reconnaissances institutionnelles sont un moyen de singulariser certains territoires, dans la perspective de leur préservation bien sûr, mais également de leur mise en géotourisme afin que ces biens communs puissent être découverts par tous.