Les chamois et isards (Rupicapra rupicapra et R. pyrenaica) sont des animaux emblématiques des parcs nationaux de montagne français. Ils sont aussi le symbole d'une politique de sauvegarde efficace mais de longue haleine qui a porté ses fruits . Ils constituent un enjeu cynégétique fort de solidarité territoriale entre les zones cœur et d’adhésion des parcs nationaux.
Aujourd’hui malgré un état de conservation favorable, ces espèces constituent toujours un objet de veille conservatoire pour les parcs nationaux de montagne puisqu'elles sont considérées comme sentinelles des écosystèmes de montagnes (effets des maladies et des changements globaux sur la qualité de pâturage par exemple).
Cette veille conservatoire s’est initialement mise en œuvre par le biais de comptages dits « flash » ou « approche et affût combinés » : comptages coordonnés et simultanés de l’ensemble des quartiers, auxquels participaient tous les acteurs des vallées. Ces comptages étaient réputés exhaustifs. Pourtant, force est de reconnaître la présence de biais d’échantillonnages parfois importants qui limitent l’information que ces comptages apportent.
Depuis quelques années, les établissements des parcs nationaux et l'Agence Française pour la Biodiversité (AFB) ont mis en évidence le besoin d'améliorer la méthodologie des suivis en place, afin de mieux répondre aux questions des gestionnaires.
C’est pourquoi, depuis 2008, les quatre parcs nationaux de haute-montagne (Écrins, Mercantour, Pyrénées et Vanoise) réalisent entre deux et vingt parcours IPS (Index of Population Size) Chamois/Isards par an, de façon à tester et évaluer la faisabilité technique et la qualité des indices obtenus, en parallèle ou en remplacement des comptages approche/affûts combinés.
L'AFB et les quatre parcs nationaux de haute-montagne entreprennent depuis septembre 2014 des actions visant à harmoniser les suivis chamois et isards étudiés sur leurs territoires afin d'aboutir à un protocole commun.
Dans le cadre de la méthodologie des indices de changement écologique, l’Office national de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS) soutient donc désormais l’utilisation de la méthode IPS (index of population size) qui consiste à sélectionner un certain nombre de quartiers et à répéter l’opération de comptage plusieurs fois sur ces quartiers. On peut adjoindre à cette méthodologie la méthode IPA (indice ponctuel d’abondance) qui en est une variante où on compte depuis un point fixe au lieu d’un transect.
L'indice d'abondance pédestre « IPS », basé sur le protocole IPS a été défini en 2006 dans le cadre d'un projet scientifique visant à établir un ICE (Indicateur de Changement Écologique) sur deux espèces de montagne : le Chamois et l'Isard.
Cet indice d'abondance résulte d'un calcul simple relatif au nombre moyen d'animaux observés sur un itinéraire pédestre prédéterminé parcouru plusieurs fois. Il doit être considéré comme un indicateur traduisant l'abondance relative d'une population de chamois. Il ne fournit en aucun cas le nombre d'animaux présents mais il permet d'estimer l'évolution de la population suivie (augmentation, baisse ou stabilité). Pour les spécialistes du suivi des populations d'ongulés sauvages, cette méthode est jugée plus fiable que les pratiques jusqu'alors utilisées en particulier lorsque la population est en phase de densité-dépendance comme actuellement en non plus en phase de colonisation.
En Vanoise ce sont donc 21 circuits et/ou points d’observations qui sont parcourus chaque année à l’automne par les agents de terrain.