Dans le cœur du Parc national de la Vanoise, le glacier de Gébroulaz est étudié depuis plus d'un siècle. Comme la plupart des glaciers dans le monde il est en phase de régression. Cependant, en 2020, si le bilan reste négatif il l'est moins que les années précédentes. C'est ce que constate l’IGE (Institut des géosciences de l’environnement, CNRS-UGA, Grenoble), qui réalise depuis de nombreuses années le suivi du glacier de Gébroulaz.
Le glacier de Gébroulaz est situé dans la partie sud-ouest du cœur du Parc national de la Vanoise sur la commune des Allues, et s'étend de 3500 à 2600 mètres d'altitude sur le flanc nord de l'aiguille de Polset.
Selon Christian Vincent, glaciologue qui "ausculte" chaque année ce glacier, deux périodes de fortes décroissances caractérisent le XXe siècle et le début du XXIe siècle, entrecoupées d'une période d'avancée glaciaire :
- 1942-1953 : période caractérisée par une forte décrue glaciaire qui est la conséquence d’hivers peu enneigés et d’une importante fusion estivale ;
- 1954-1981 : période d'avancée de la plupart des glaciers alpins, clairement liée aux faibles valeurs d’ablation estivale ;
- Depuis 1982 : à nouveau une forte décrue glaciaire avec cette fois une augmentation significative de la fusion estivale alors que l’accumulation hivernale reste assez stable.
Le rapport 2020 de l'IGE fait apparaître que l’année 2019-2020 se caractérise par un bilan de masse peu négatif (- 0,43 m d’eau), ou en tout cas bien moins négatif que la série très déficitaire observée depuis 2003 (moyenne des bilans de masse 2003-2020 : - 1,06 m d’eau). Depuis 1994, la moyenne des bilans de masse est de - 0,77 m d’eau. Ce bilan peu déficitaire est dû à une forte accumulation hivernale qui a protégé le glacier de la fonte très tardivement en saison. Au mois de juillet on observait encore de la neige sur toute la surface du glacier. Si on analyse les pertes de masse du glacier sur le siècle, on note que le glacier perd de la masse continuellement depuis le milieu des années 1980 et que cette perte de masse s’accélère encore. En effet, 9 des 10 années les plus négatives depuis 1985 se situent après 2003. Ces observations sont également caractéristiques des autres glaciers suivis dans les Alpes, que ce soit dans le massif du Mont-Blanc ou dans le massif des Grandes Rousses. Gébroulaz a perdu en épaisseur l'équivalent d'une lame d’eau de 34,8 m depuis 1907 sur l’ensemble de sa surface.
Les observations du glacier de Gébroulaz sont essentielles dans le cadre des recherches sur les relations glaciers-climat et ce glacier fait partie du Service d’observation Glacioclim, reconnu par l’Institut national des sciences de l’univers (du CNRS) et le ministère de la Recherche. Il concentre l’une des plus longues séries d’observations dans les Alpes. Le glacier de Gébroulaz est également intégré dans la base de données internationale du World glacier monitoring service (WGMS) de l’UNESCO ainsi que dans le réseau Cryonet, programme du Global cryosphere watch (Organisation météorologique mondiale). Il fait partie aussi de la base de données de l’Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique (ONERC).
Pour aller plus loin
• Glacier de Gébroulaz 2020 - Rapport annuel pour le Parc national de la Vanoise
(Institut des géosciences de l’environnement, CNRS-UGA, Grenoble)