Un article est paru en juin présentant le protocole :
Les sessions de capture organisés ce printemps 2024 ont permis de poser 6 colliers GPS sur des étagnes (femelle du bouquetin) gestantes. L’échographie utilisée sur le terrain (une première en Europe !) permet, entre autres et en temps réel, de confirmer ou non la présence d’un fœtus. Même si ce nombre relativement faible ne permet pas de tirer des conclusions définitives, il a le mérite d’engager le protocole dans le temps. D’autres captures auront lieu l’année prochaine afin de grossir ce vivier d’étagnes marquées et ainsi accroitre le nombre de données pour fiabiliser l’analyse statistique scientifique du modèle.
À noter que cette période de capture a permis d’équiper d’autres femelles et mâles avec des colliers porteurs de fanions de couleur. Ils contribueront à l’étude de la dynamique de population mais aussi au suivi sanitaire.
Des partenariats enrichissants
Cette session de capture a aussi été l’occasion de réunir différents partenaires du projet dont des étudiants vétérinaires, des vétérinaires, le laboratoire de recherche de biologie et de biométrie évolutive (LBBE) de Lyon, la fédération des chasseurs du Cantal, des collègues du Parc national du Grand Paradis, la direction du zoo de Besançon, d’autres administrations (DDT, OFB), la présidente du PnV et un membre de son conseil scientifique. Les échanges ont été enrichissants pour tout le monde et participent à faire connaître nos programmes et à démontrer notre compétence dans la capture et le suivi des ongulés, dans le respect du bien-être animal optimal.
Quels résultats ?
La collaboration avec l’Office français de la biodiversité (OFB) a été précieuse pour la réalisation des protocoles et l’analyse des résultats qui suivent.
Le paramétrage des GPS, basé sur la mesure de l’activité de l’étagne, a permis de détecter le moment de la mise bas (activité réduite). Par ailleurs, la pression d’observation importante réalisées, notamment grâce aux stagiaires du PnV, sur les autres femelles marquées, mais non équipées de collier GPS a permis d’avoir une très bonne idée de la phénologie* de la reproduction.
Ainsi les 6 femelles équipées de GPS ont mis bas entre mi-mai et fin août. Ces mises bas tardives sont une vraie surprise, puisque jusque-là, il était admis que la période des naissances s’étalait entre juin et juillet.
L’étude des déplacements a révélé une migration de certaines étagnes équipées dans le vallon de l’Orgère, vers Plan Bouchet sur la commune d’Orelle. Plus précisément l’une d’entre elle a fait des allers-retours entre ces 2 lieux éloignés de 8 km sur la période juin-juillet dont un trajet avec son cabri d’un mois et demi. C’est assez remarquable !
Le GPS apporte des informations importantes concernant la transmission d’agents pathogènes entre sous populations comme exemple par le brassage d’individus entre 2 sites relativement éloignés.
Par ailleurs, l’échographie, utilisée sur le terrain lors des captures de ce printemps, pourrait permettre de définir la période de mise bas. En effet, le diamètre du poitrail semble corrélé à la date de mise bas. Ce qui fut mis en évidence cette année par les mesures puisque les femelles dont le diamètre des fœtus étaient plus petits, ont mis bas plus tardivement.
Ces investigations doivent se poursuivre lors des prochaines années en augmentant le vivier d’étagnes gestantes marquées. Ce point est crucial pour mieux comprendre la biologie de l’espèce et ainsi mieux la protéger.
* La phénologie est l'étude de l'apparition d'événements périodiques (annuels le plus souvent) dans le monde vivant, déterminée par les variations saisonnières du climat