Imprimer
1pnv001656-pn-vanoise-blanchemain_joel-750px.jpg
La Pierre aux Pieds, avec l'estrade d'observation
1pnv009790-pn-vanoise-folliet_patrick-750px.jpg
La Pierre aux Pieds
1pnv009812-pn-vanoise-perrier_jacques-750px.jpg
Dalle gravée au Plan de la Cha
1pnv009829-pn-vanoise-grosset_felix-1600px.jpg
Pierre gravée à l'Arcelle Neuve
1pnv009844-pn-vanoise-perrier_jacques-750px.jpg
Pierre gravée au Plan de la Cha
3pnv007870-pn-vanoise-auge_vincent-1600px.jpg
Pierre gravée au dessus du sentier dit des "2000"
3pnv014114-pn-vanoise-tissot_nathalie-750px.jpg
Roche gravée appelée "la Pierre du Soleil
Blocs erratiques et affleurements rocheux en plein air ont servi de support à l’expression des pensées et des préoccupations des hommes dès la fin de la préhistoire. La vallée de la Maurienne est exceptionnellement riche de ce patrimoine dont certaines roches spectaculaires sont classées au titre des Monuments historiques depuis le XIX°siècle comme la Roche aux Pieds et la Pierre de Chantelouve à Lanslevillard... Aujourd’hui, ce sont plus de 1000 roches gravées qui ont été recensées et étudiées ...et un cœur du Parc national de la Vanoise qui reste potentiellement riche d’autres sites dans des zones non prospectées.
Localisation des gravures

Les gravures rupestres sont localisées principalement dans la vallée de la Maurienne jusqu'à Bonneval-sur-Arc, dans la zone d’implantation humaine permanente (fond de vallée) jusqu’aux alpages. Entre 2000 et 2800 m d'altitude, les roches gravées se rencontrent en grande abondance sur les terrains peu pentus et favorables à l’installation temporaire pour la pratique d’activités pastorales ou l’exploitation des matières premières.

Leur concentration est en correspondance avec les sites d’occupation humaine ancienne, sépultures ou habitats installés à proximité des voies de passage, au débouché des cols alpins menant dans la vallée voisine de la Tarentaise et en Italie.

Leur répartition est aussi déterminée par l’existence d’un substrat rocheux favorable. Les supports étaient abondants mais les blocs erratiques de calcaires phylliteux gréseux et de calcschistes, ainsi que de grands affleurements de marbre polis par les glaciers, particulièrement propices à la gravure, car ils se laissent piqueter sans éclater, ont été privilégiés.

 

L’iconographie

Les motifs abstraits sont les plus abondants :

  • les cupules, petites cavités circulaires, seules en nombre variable ou associées à des réseaux complexes de rigoles, de gravures schématiques et de pédiformes sur de grandes roches ;
  • Les spirales, les labyrinthiformes et leurs dérivés sont particulièrement bien représentés à Lanslevillard. Des compositions très élaborées mêlant labyrinthes, formes solaires et pieds, traduisent à la fois l’habileté des graveurs et la complexité de leur pensée ou de leur imaginaire ;
  • Les représentations circulaires, rouelles, figurations en arceau et les représentations quadrangulaires, marelles simples ou à double ou triple enceintes, sont disséminées dans toute la vallée de la Maurienne.
  • Les représentations de pieds ou pédiformes sont nombreuses, souvent gravées par paires.

Les motifs figuratifs :

  • les représentations de personnages (anthropomorphes) sont concentrés en Haute-Maurienne sur les sites de Saint-André, Sollières-Sardières, Lanslevillard et Aussois. Leur typologie variée correspond à une évolution chronologique. Ils sont, pour la plupart, sexués et armés d’épées et de lances, juxtaposés ou face à face dans des scènes de duels ou de danses armées, associés à des animaux, à pied ou montés sur des équidés. Les outils sont très peu nombreux.
  • les représentations d'animaux (zoomorphes) sont le plus fréquemment des chiens et des bouquetins présents aux côtés des personnages armés, mais quelques équidés, cerfs, animaux à fourrure, serpents et petit gibier, complètent le bestiaire.

 

Datation et signification

L’étude et la datation des gravures se heurtent aux difficultés propres à l'art rupestre de plein air et à l’érosion des motifs. Hormis une pierre à cupules à Aussois trouvée sous une couche archéologique (couche constituée de dépôts laissés par les hommes contenant des vestiges de leurs activités) datée de l’Âge du bronze final (1000 av. J.-C), il n’y a pas d’exemples de gravures enfouies sous des couches datables. Mais compte-tenu de l'occupation ancienne, attestée par les sites archéologiques de la vallée, et des points de comparaison indéniables avec les thèmes et les motifs des vallées italiennes voisines dont la chronologie est bien établie, il est possible d'avancer des hypothèses de datation. Les contacts presque permanents avec les civilisations de ces vallées italiennes par les cols alpins ont sans doute eu une influence sur l'art rupestre de Haute-Maurienne. L’iconographie mauriennaise s'inscrit dans une période comprise entre le Néolithique et le Moyen Âge, mais l'essentiel des gravures est caractéristique de l'Âge du Fer, entre 700 et 100 avant J.-C.

L’interprétation est un champ d’investigation délicat. Les scènes n’évoquent pas d’activités de la vie quotidienne et sont rarement descriptives : les motifs abstraits, les scènes de bataille ou de chasse paraissent relever du domaine symbolique dont le sens s’est perdu. La répartition des gravures et une relative originalité de chaque site laissent envisager des pratiques rituelles individuelles ou collectives, propres à de petites communautés.

La présence des gravures témoigne de la fréquentation de la haute montagne et atteste d’une grande maîtrise de l’art de la gravure.

 

Les problèmes liés à la dégradation des gravures sont ceux rencontrés dans tout site d’art rupestre de plein air. Les roches gravées à l’air sont soumises à l’érosion naturelle. Les gravures s’effacent petit à petit sous l’effet de la pluie, de la neige, du gel, du vent, de la pollution et deviennent illisibles. À cela s’ajoute parfois les dégradations humaines, liées au développement du tourisme estival, souvent par méconnaissance et parce que les gravures érodées sont souvent invisibles pour un œil non averti.

Les actions mises en œuvre pour préserver ce patrimoine et le mettre en valeur sont nombreuses :

  • Les différentes roches gravées ont fait l'objet d'une vaste campagne d'inventaire entre 1987 et 2001 par la Conservation départementale du Patrimoine de la Savoie. Un riche travail descriptif (relevés, dessins et photographies) a été réalisé permettant ainsi de conserver la mémoire intacte de ces gravures ;
  • Sur certains sites particulièrement intéressants mais sensibles à la dégradation, des moulages des gravures ont été réalisés en mesure de conservation préventive permettant aussi une étude plus fine des gravures en laboratoire et également des présentations lors d’ expositions ;
  • Des sites ont été spécifiquement aménagés pour faciliter la découverte par les visiteurs comme le Parc archéologique des Lozes à Aussois. Sur le site de la Roche aux Pieds à Lanslevillard, localisé en cœur de Parc, la mise en place d'un mobilier intégré et réversible en bois assure la protection de la roche et satisfait l’intérêt du visiteur qui peut observer plus aisément les multiples gravures pédiformes ;
  • Enfin de nouvelles technologies sont aujourd’hui mises en œuvre, comme la lasergrammétrie et la photogrammétrie. Les roches sont ainsi relevées en coordonnées GPS, l’orientation des plans de gravures est aussi enregistrée dans l’espace, ainsi que leur orientation au nord. L’ensemble de ces informations permet alors de disposer de données exhaustives. Ce procédé permet d'obtenir une modélisation numériques des roches et de leurs gravures, révélant ainsi des détails difficilement discernables à l'œil nu et assurant une archive de ces témoins fragiles.

Le passé dans les pierres


Source URL: https://www2.vanoise-parcnational.fr/node/7884