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Les pelouses sèches se situent au bas des versants sud des vallées (sur les adrets à 1300 mètres maximum). L'aridité est le critère écologique majeur de ces pelouses rases.

Un milieu aride

Ces pelouses sont des formations rases, installées sur des sols pauvres en nutriments, pas ou faiblement fertili­sés. Elles sont peu productives - à la différence des prairies de fauche - et se reconnaissent grâce aux touffes den­ses de graminées comme la stipe pen­née et la fétuque du Valais, qui alternent avec de petites plages de sol nu. L'aridité est le critère écologique majeur de ces pelouses.

Cette aridité est la conséquence du climat d'affinité continentale typique des grandes vallées intra-alpines comme la Maurienne ou le Valais en Suisse. Il se caractérise par une séche­resse estivale marquée et de fortes variations journalières et annuelles de températures. L'ensoleillement, le vent et le sol squelettique accentuent l'aridité de ces lieux. La flore doit résister à la sécheresse. Les plantes que l'on rencontre sur ces pelouses illustrent diverses stratégies sélec­tionnées au cours de l'évolution par les êtres vivants pour résister à la sécheresse.

Ces plantes germent, se développent, fleurissent et fructifient avant la période estivale qu'elles traverseront unique­ment sous la forme de graines. Des adaptations morphologiques variées contribuent à limiter les pertes en eau des plantes qui restent visibles toute l'année.

  • Les feuilles de l'épervière laineuse sont couvertes d'un épais duvet de poils.Celui-ci retient en surface une mince couche d'air qui isole la plante de l'at­mosphère desséchante.
  • La réduction de la taille des feuilles diminue la surface exposée aux rayons du soleil et donc l'évaporation. Chez le fumana couché, les feuilles ressemblent à de petites aiguilles.
Stippe pennée de pelouse sèche

Chez la stipe pennée, elles sont réduites à de longues feuilles filiformes. Un examen sous la loupe d'une coupe transversale de feuille montre que les structures cellulaires - les stomates - qui permet­tent les échanges gazeux (oxygène, dioxyde de carbone) sont localisées au fond de petites cavités bien isolées. Les orpins développent une autre stra­tégie : ils stockent d'importantes quan­tités d'eau dans leurs feuilles et sont à ce titre parfois qualifiés de "plantes grasses". Ces différentes adaptations ne sont pas exclusives : certaines espèces font appel à plusieurs stratégies.

Faune associée

Des proies et un prédateur très spécialisé :

Les reptiles apprécient particulièrement ces coteaux bien exposés. Ils trouvent, dans les anciens murets et les clapiers d'épierrement, de nombreux refuges. Le lézard vert, la vipère aspic, la coronelle lisse sont autant de proies poten­tielles pour « l'aigle mangeur de serpent » : le circaète Jean-le-Blanc. Ce super prédateur est en effet spécialisé dans la consommation de reptiles.  C'est un oiseau migrateur qui n'est présent en Vanoise que de mi-mars à fin août, pendant la période d'activité de ses proies. Le reste de l'année, il rejoint ses « quartiers d'hiver » en Afrique. Comme les autres rapaces, il est doté d'une vue particulièrement perçante lui permettant de repérer un serpent à plusieurs centaines de mètres. Ce régime alimentaire très spécialisé se traduit jusque dans la morphologie des pattes du circaète : quand le faucon pèle­rin est pourvu de doigts longs favorisant la capture d'oiseaux en plein vol, au contraire le circaète possède des doigts courts laissant peu de chance au ser­pent capturé de lui filer entre les pattes.

circaete jean blanc
L'homme et la pelouse: une longue histoire

Il est admis que ces pelouses sèches ont une origine anthropique et sont issues de défrichements très anciens. Les civilisa­tions agro pastorales ont participé au maintien de ces milieux en pratiquant, au fil des siècles, un pâturage extensif.
À l'aube du XXIe siècle, ces milieux sont menacés : des équipements divers (routes, constructions) peuvent détruire des pelouses. De même, l'évolution des acti­vités humaines met en péril ces milieux : le reboisement, la fumure et l'irrigation des parcelles pour leur mise en culture modifient les conditions écologiques, et donc la faune et la flore des lieux.
Inversement, l'absence de toute activité, notamment de pâturage, pendant une longue période, entraîne la colonisation des pelouses par les arbustes et les arbres.

C'est l'homme qui détient aujourd'hui les clés de la préservation de ces pelou­ses sèches qui figurent parmi les milieux prioritaires à conserver à l'échelle de l'Europe. Leur protection doit s'accom­pagner d'un entretien qui assurera leur pérennité et le cadre de vie qu'elles représentent, tant pour l'espèce humaine que pour les innom­brables espèces animales et végétales qui y vivent. La restauration d'un pâtu­rage extensif est sans doute la méthode la mieux adaptée pour préserver ces pelouses et contribuera peut-être à maintenir une activité agricole respec­tueuse de l'environnement.


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